Lors d'un entretien avec un collaborateur qui accuse son manager de racisme :
- ...Et là, mon manager me dit : "Il faudra que vous me débroussailliez tout ça pour demain", vous vous rendez compte ?
- Euh, je me rends compte de quoi ?
- "Débroussailler" ! La brousse, l'Afrique ! C'est parce que je suis noir, qu'il a dit ça !"
- La brousse, c'est en Afrique, c'est sûr, mais savez-vous qu'on trouve de la broussaille dans toutes les forêts d'Europe ?
Journal d'Edouard Westmacott, chargé de ressources humaines et "inhumaines". Ce blog traite de la vie professionnelle vue par les RH : recrutement, carrière, licenciement...
entrée en matière
"Bonjour, Edouard W. des Ressources Humaines"
Ce que j'aime avec cette entrée en matière, c'est qu'elle a le don de refroidir quelque peu l'atmosphère : le sourire de mon interlocuteur se fige, les discussions autour de moi se tassent et j'ai légère mais nette impression d'être perçu comme un membre de la Stasi en train de prendre des notes. Moi, la méfiance qu'inspire ma fonction ne me dérange pas (au contraire !). Et puis, vous savez, en tant que RH, on en voit de toutes les couleurs, il y a de quoi rigoler tous les jours (ou bien pleurer parfois). Ce blog est une manière pour moi de partager toutes ces anecdotes et mes réflexions sur l'une des fonctions les plus dénigrées du monde de l'entreprise.
Ce que j'aime avec cette entrée en matière, c'est qu'elle a le don de refroidir quelque peu l'atmosphère : le sourire de mon interlocuteur se fige, les discussions autour de moi se tassent et j'ai légère mais nette impression d'être perçu comme un membre de la Stasi en train de prendre des notes. Moi, la méfiance qu'inspire ma fonction ne me dérange pas (au contraire !). Et puis, vous savez, en tant que RH, on en voit de toutes les couleurs, il y a de quoi rigoler tous les jours (ou bien pleurer parfois). Ce blog est une manière pour moi de partager toutes ces anecdotes et mes réflexions sur l'une des fonctions les plus dénigrées du monde de l'entreprise.
samedi 17 septembre 2011
samedi 3 septembre 2011
Et vous, seriez-vous prêt à sacrifier Fay Wray pour votre carrière ?
Dans leurs discours gonflés à l'hydrogène populiste, les hommes politiques actuels nous ressassent avec obstination les deux valeurs inaliénables de la France qui se lève tôt : « travail » et « mérite ». Les idées de « réussite facile » et de « carrière rapide » sont un peu passées de mode électorale même si dans le fond, ces mêmes hommes politiques représentent eux-même un idéal carriériste assez discutable, eux qui ont su appliquer cet incroyable adage : on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs – traduisez, on ne fait pas carrière sans quelques petits sacrifices (vie de famille, amitiés fidèles, probité morale...).
Et oui, ce modèle de réussite professionnelle et sociable encensé dans les années 80 fait toujours beaucoup d'émules et, à vrai dire, chacun de nous est prêt à sacrifier pas mal de chose pour une belle carrière (et souvent sans en être récompensés). Certains sacrifient leur couple ou leur famille, d'autres leur santé tant physique que mentale, et cela seulement pour faire plaisir à un manager qui, le jour de la distribution des primes annuelles, ne se souviendra même pas de notre prénom.
Fay Wray, King Kong 1933 |
Qui n'a pas assisté à ces messes noires orgiaques (aussi appelé « vœux du présidents » ou « soirée du personnel ») durant lesquelles les gourous fanatiques marmonnent aux badauds enivrés et abrutis les messages du guide de conduite de l'employé modèle, véritable bible enrichie d'images d'Épinal sous présentation power point ? Ils nous vantent ce monde meilleur, éden où règne l'abondance et surtout une productivité en hausse de 10% en moyenne, qui ne sera atteint que par les vrais fanatiques, ceux qui croient en ce modèle et qui appliquent religieusement ses préceptes. Et ils prédisent à ceux qui s'écarteraient du droit chemin et autres brebis égarée un avenir sombre et incertain et, surtout, une exclusion définitive et sans préavis de la terre promise.
Et pour les exemplaires, les martyrs, ceux qui ont tout donné avec abnégation, ceux qui, à leur tour, ont été prêcher la bonne parole, ceux qui ont su grimper peu à peu le calvaire hiérarchique, en gros, ceux qui ont le plus sacrifié au dieu Carrière, la récompense ultime sera à portée de main : à cinquante ans, ils sont jugés « plus bons à rien » et mis manu militari à la retraite. Ah ça, il s'est bien foutu de leur gueule le gourou avec son « monde meilleur » : « questions pour un champion » et double ration de verveine pour nos plus braves soldats !
Tu n'as pas vu tes enfants grandir ? Pour ce que ces petits ingrats te remercieront.
Ton cancer est peut-être imputable au stress ? Ca reste à prouver.
Ta femme s'est tirée avec une grosse pension alimentaire ? Ca te motivera à gagner encore plus d'argent.
Tu es détesté par tous tes collaborateurs ? On est pas au travail pour se faire des amis.
Tu n'as perdu de vue tous tes amis ? Avec l'argent que tu amasses, tu pourras en acheter de nouveaux.
C'est sûr, en ce bas monde, on a rien sans rien !
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