entrée en matière

"Bonjour, Edouard W. des Ressources Humaines"

Ce que j'aime avec cette entrée en matière, c'est qu'elle a le don de refroidir quelque peu l'atmosphère : le sourire de mon interlocuteur se fige, les discussions autour de moi se tassent et j'ai légère mais nette impression d'être perçu comme un membre de la Stasi en train de prendre des notes. Moi, la méfiance qu'inspire ma fonction ne me dérange pas (au contraire !). Et puis, vous savez, en tant que RH, on en voit de toutes les couleurs, il y a de quoi rigoler tous les jours (ou bien pleurer parfois). Ce blog est une manière pour moi de partager toutes ces anecdotes et mes réflexions sur l'une des fonctions les plus dénigrées du monde de l'entreprise.

dimanche 7 juillet 2013

Brèves de RH 12 - Le stylo ne fait pas le moine...


L'autre jour, alors que je représentais ma banque au Conseil des prud'hommes, je remarquais une différence majeure entre les avocats des employeurs et ceux des employés : au moment de signer, chaque avocat tend un stylo à son client, le notre me tendit un Mont Blanc scintillant tandis que celui du salarié lui tendit un vieux Bic mâchouillé.

Un avocat bien nourri, vous me direz, ça ne veut peut-être pas dire qu'il est le meilleur. Mais c'est quand même plus rassurant...

lundi 6 mai 2013

Brèves de RH 11 - Bounty, un petit goût de paradis...


Quand on travaille aux Ressources Humaines, on en entend de toutes les couleurs, et ce n'est pas qu'une façon de parler. Un jour, un collaborateur est venu se plaindre d'une de ses collègues qui l'avait insulté : « Elle m'a traité de Bounty ! » me dit-il, espérant probablement que j'en sois aussi outré que lui. Pas de bol, j'étais loin de comprendre.
« - de Bounty ? Le chocolat à la noix de coco ?
- Oui, parce que je suis Guadeloupéen et qu'elle, elle est Gabonaise.
- J'ai du mal à vous suivre, avouais-je.
- Ben oui, le Bounty, il est noir à l'extérieur mais à l'intérieur, il est blanc » J'en restais bouche bée, j'avais peur de comprendre « Parce que je suis Guadeloupéen, elle pense que je ne suis pas un vrai Black, pas comme elle. »
Abasourdi, je ne sus pas quoi lui dire. Je crois que je ne m'attendais pas à ce que le racisme soit à ce point-là poussé à son paroxysme.

jeudi 28 mars 2013

Le truc chic/choc/toc (rayez les mentions inutiles) du candidats

Chacun a ses petites manies et ses petites lubies pour affronter la dure jungle professionnelle.

Pour passer un entretien, c'est pareil ! Tout candidat qui se respecte dispose de petits gri-gris ou d'habitudes magiques, solides troubles obsessionnels compulsifs, permettant de passer avec brio cette terrible épreuve.

Caleçon porte-bonheur, bisous sur le rosaire, coupe de cheveu fétiche, tous les moyens sont bons pour réussir.

Une fois, un ami m'a avoué qu'à chaque entretien d'embauche, il abandonnait ses lentilles de contact qu'il ne quitte pourtant jamais, pour une paire de lunettes bien épaisses.
"- Avec des lunettes, on a tout de suite l'air plus intelligent et, tu le sais bien, c'est la première impression qui compte.
- Enfin, lui rétorquais-je alors que je savais son argument sensé, ça ne fait pas tout quand même.
- Je sais bien, mais ça aide. Quand je porte mes lentilles, j'ai l'air d'avoir cinq ans de moins, avec mes lunettes, j'ai l'air plus expérimenté, plus pro. Rien qu'au boulot, le directeur ne me prend plus pour le stagiaire de service quand j'ai mes lunettes."

Ca a l'air couillon comme ça mais je ne peux m'empêcher de penser que son truc chic/choc/toc doit porter ses fruits.

jeudi 14 mars 2013

Les 10 questions les plus débiles qu'on peut vous poser en entretien d'embauche 5/10

"Et sinon, vous avez d'autres pistes en cours ?"

Cette question, je l'aime bien. En tant que recruteur, je la pose à chaque entretien, sans exception. Me demandez pas pourquoi je la pose, je n'ai jamais eu une seule réponse honnête.
 
J'imagine que cette question a pour unique but de rassurer le recruteur qui se dit, en toute candeur, que si le candidat a été contacté par d'autres entreprises pour un poste équivalent, il ne doit pas être si mauvais - moyen comme un autre d'exprimer sa frilosité légendaire.
 
Votre réponse à cette question peut néanmoins cacher quelques écueils. Pas besoin d'une grande dextérité pour les éviter, une petite préparation rapide suffira amplement (sachant que dans tous les cas, il faudra, au pire, mentir, au mieux améliorer la vérité).
 
- Vous n'avez aucune autre piste. Soyons réalistes, quel décérébré mental irait jusqu'à dire CETTE vérité ? Hum ? "En fait, vous êtes le seul employeur potentiel à m'avoir contacté. Vous êtes mon unique chance de trouver du boulot cette année. Pitié ! Prenez-moi."
La pitié, rien de pire pour conclure le processus de recrutement en moins de dix minutes.
 
- Vous avez une belle piste, une sur la quelle vous comptez énormément et vous ne passez cet entretien qu'au cas où elle ne fonctionne pas. Là aussi, toujours flatter l'égo du recruteur et ne pas dire : "Je suis bien avancé avec un boite jeune et dynamique qui me propose un poste deux fois mieux payé. Mais, pas de panique ! Vous êtes mon 2nd choix". Personne n'aime être le second choix, personne !
 
- Vous vous dispersez. Vous êtes rencontré pour un poste de trader dans un banque mais vous passez aussi les concours pour devenir fonctionnaire et vous êtes en short-list pour une mission humanitaire au Congo. Sérieusement, votre motivation pour le poste sera peut-être remise en doute : les recruteurs aiment les fils rouges, les parcours cohérents et les volontés concordantes. La concordance, c'est rassurant...
 
 
La meilleure réponse possible est d'indiquer que vous avez quelques pistes plus ou moins avancées (le nombre magique est trois, bien entendu. Ni trop peu, vous ne passez pas pour un looser, ni trop, vous ne passez pas pour un sale vantard) mais que vous vous montrez très sélectif, que vous favorisez la qualité des missions proposées et l'environnement de travail (sous-entendu : vous n'êtes motivés que par son poste à lui).

Si votre interlocuteur vous demande plus de précisions sur vos pistes, inventez ou améliorez, tout en ne cédant pas à la folie des grandeurs. Toujours en gardant en tête la sacrosainte concordance (vous n'êtes QUE sur des pistes pour des postes similaires !), citez des noms de boites auxquelles vous avez postulé (mais dont vous n'avez pas forcément eu de réponses), de cabinets de recrutement que vous avez rencontré (et qui vous ont promis de vous rappeler un jour ou l'autre), des postes pour lesquels vous avez déjà été rencontré (même si vous avez reçu des réponses négatives, pas besoin de préciser).
Sachez cependant que :
- le monde des RH est petit, il y a toujours un risque que votre interlocuteur connaisse les postes ouverts chez son concurrent et les recruteurs que vous avez soit-disant rencontré. Vous aurez l'air bien con quand votre interlocuteur vous dira : "Ah, vous allez rencontrer Matthieu Lenormand alors ? C'est amusant, je déjeune avec lui demain midi" – silence de mort.
- vos mensonges vous suivront tout au long de votre recrutement, votre interlocuteur n'hésitera pas à vous demander où vous en êtes sur les pistes précédemment citées (il n'a pas envie de vous voir filer à la concurrence). N'exagérez pas les délais de réponses des autres boites ("ça fait trois semaines que j'attends une réponse") et ne vous exprimez pas trop sur les pistes qui ont mal fini ("j'étais vraiment trop nul"). Que du bon sens...
- faire jouer la compétition entre employeurs potentiels n'est pas un exercice facile mais extrêmement payant s'il est réussi. Je ne compte même plus le nombre de collaborateurs dont j'ai accéléré le recrutement de peur de les voir filer qui ont fini par m'avouer après avoir été embauché que leurs autres "pistes" étaient aussi épaisse que ma fiche de paie.

 
Les candidats ne sont que des menteurs me direz-vous ? Si vous croyez réellement que les recruteurs ne vous disent que la vérité...

vendredi 22 février 2013

Je donne ma démission !

Béatrice, notre démissionnaire hors pair, était un peu dépitée la semaine dernière. Une fois encore, elle avait décidé de mettre fin à sa période d'essai, le poste et l'entreprise ne contribuant pas du tout à son épanouissement professionnel (c'était à se demander ce qui pourrait un jour y contribuer).
 
"- Que se passe-t-il ? demanda Louise, je n'ai jamais vu une démission te mettre dans un état pareil. Tu as peur de te retrouver au chômage ou quoi ?
- Non, j'ai l'habitude, c'est juste que...
- Que quoi ? insistons-nous.
- Vous savez que j'ai posé ma démission lundi dernier. Quand je l'ai annoncé à ma mère, elle n'en a rien eu à foutre, elle n'a fait que me bassiner avec la démission du pape.
- J'en reviens pas, s'étonna Quentin, tu es vexée que Benoît XVI t'aie piqué la vedette ?
- Les démissions de pape arrivent tous les 6 siècles, intervint Karim. Toi, tes démissions c'est tous les 6 mois. Ce n'est pas étonnant que la sienne soit plus marquante.
- Ma propre mère !
- Ça me rappèle Farrah Fawcett, dis-je, elle est morte le même jour que Michael Jackson. Du coup, son décès est passé inaperçu, c'est triste pour elle.
- Quand même, quel salaud ce Benoît ! Te coiffer au poteau comme ça ? Mufle !"
Béatrice gardait le regard plongé dans son verre, elle savait bien qu'on ne pouvait que se moquer d'elle. Il n'empêche, elle n'en n'était pas moins vexée du coup de cochon que venait de lui infliger le pape.

lundi 11 février 2013

Toute première fois, tout-toute première fois

Les premiers entretiens d'embauche que l'on passe représentent toujours une étape importante de notre carrière. Qu'on le veuille ou non, tel une Bar Mitzva professionnelle, ils marquent pour chacun d'entre nous l'entrée dans le monde actif, un rite initiatique obligatoire, plus ou moins douloureux selon les cas.

Les premiers entretiens sont assez amusants à mener (enfin, quand on est du bon côté de la barrière, bien entendu). Le candidat est soit la personne la plus stressée que vous ayez jamais rencontrée, soit le gars le plus décontracté que la Terre aie jamais porté. Dans les deux cas, il va probablement échouer cet exercice si particulier qu'est l'entretien d'embauche (et oui, comme beaucoup de chose, la première fois n'est pas terrible terrible). Après tout, c'est un exercice fortement ancré dans la tradition, réglementé par une multitude de codes et de règles tacites et durant lequel le candidat devra jouer les équilibristes avec deux ou trois gros boulets accrochés aux pieds :
  • manque d'expérience : 2 kg sur la cheville droite
  • incapable de dire un mot sans piquer un fard ou rigoler bêtement : 4 kg pendus au poignet gauche
  • un nœud de cravate encore moins bien réussi que celui de François Hollande : 1 kg accroché autour du cou
  • il n'a rien compris à l'activité de l'entreprise tout en ayant déclaré pendant vingt bonnes minutes que cela le passionnait plus que tout au monde : une tonne au pied gauche.
Moi j'aime bien ces candidats stressés comme jamais, c'est cruel me répètent mes amis mais je trouve ça d'un drôle ! Ils vous attendent assis bien droit dans le hall d'entrée, les lèvres pincées, le regard fixe, la cravate ou le chignon quelque peu affecté par un contrôle incessant et moite. Ils bredouillent un « 'jour » à peine audible et ont déjà les pommettes plus rouges que du Merlot.
C'est une fois assis en face de moi, tétanisé à l'idée de dire une bêtise qui leur ferait perdre cette opportunité, que je commence réellement à me fendre la poire: 
  • Ils tombent dans les pièges les plus grossiers qui soient. Ils y sautent à pieds joints, avec le sourire et en faisant de grands signes de la main.
  • Ils n'ont aucune notion du professionnellement correct et de ce qui peut être entendu ou non lors d'un entretien d'embauche (« Avez-vous des questions ? » « Oui, à partir de quand peut-on prendre des vacances ? »)
  • Ils répètent tout ce qu'ils ont pu lire sur internet en se disant que c'était probablement la meilleure source d'information qui soit (« Mon principal défaut ? Je suis trop perfectionniste », les recruteurs sauront de quoi je parle)
  • Tellement obnubilés par leur prestation, ils n'écoutent pas un mot de ce que peuvent raconter leurs interlocuteurs (et là, ce qui est vraiment rigolo, c'est de demander au candidat de nous écrire un petit résumé de l'entretien et de voir sa face se décomposer).
Bon, je vous rassure quand même, il y a des candidats qui ont plus d'heures de vol que Saint-Exupéry et qui continuent à faire allègrement les mêmes erreurs. Seule différence, on ne leur pardonne plus grand chose passés 25 ans.
 
Avec sa classe légendaire, Grégoire m'a affirmé à plusieurs reprises que le premier entretien était en tout point similaire à un dépucelage. Les novices sont patauds, empressés ou complètement amorphes, ils essayent de reproduire ce qu'ils ont vu sur internet (là, dans les deux cas, c'est souvent ce qu'il a de pire à faire) et repartent parfois déçus, toujours transpirants mais en tout point soulagés.
"- Parfois, a-t-il même ajouté, j'ai l'impression d'être la vieille prostituée du village qui voit passer tous les ados pré-pubères du canton.
- La comparaison est d'un goût... Enfin, je note que tu te compares à une vieille pute et, pour le coup, je suis sûr que beaucoup de monde partage cette idée.
- Très drôle W. Tu te souviens qui tu as déniaisé dernièrement ?
- Une gamine de 20 ans qui a passé tout l'entretien à se mordre la lèvre supérieure.
- Qu'est-ce que je disais, rétorqua-t-il avec un sourire goguenard avant de reprendre une gorgée de bière. Il y a même des fois où il faut s'acharner et se montrer agressif pour faire parler ces petits puceaux. T'as pas déjà eu l'impression de violer leur intimité avec tes questions ? De devoir les torturer pour avoir la moindre réponse ?
- Souvent. Tu te souviens de ta 1ère fois toi ?
- En tant que candidat ou en tant que recruteur ?
- Les deux.
- Pas vraiment non... admit-il.
- C'est peut-être un moment difficile à passer mais il s'oublie rapidement en fin de compte, pas comme le dépucelage. "

La 1ère fois d'un recruteur est aussi un moment cocasse, surtout si elle coïncide avec la 1ère fois du candidat. Les échanges se font rares, l'un craignant de dire une bêtise, l'autre d'oublier une question. L'ambiance est tendue, les aisselles humides et la température monte vite dans la pièce. La maladresse transpire de partout, les intervenants on dû mal à respirer et ne savent pas vraiment quoi faire de leurs mains.

En tout cas, c'est vite fini, les deux sont gênés au moment de se dire au-revoir et, souvent, l'un des deux ne rappellera jamais l'autre.

mardi 1 janvier 2013

2012 finit bien ! Meilleurs voeux à tous, et surtout aux Gabriels...

Ha, rien de mieux que de finir l'année sur un petit exploit personnel. Ca donne envie d'affronter 2013 avec confiance et hargne.

Mon exploit ? Une triplette de noms : j'ai recruté 3 Gabriels en l'espace d'un mois (2 femmes et 1 homme), et tout ça pour travailler dans la même équipe (au grand dam du manager, hahahaha ! Bien fait !).Voir mon précédent post sur ce sujet...

Je sais que ça peut paraître idiot, mais ça m'a fait rudement plaisir.